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30 septembre 2013

Monsieur le pion- QCU- N°47 (préquelle)

monsieur le pion 47 a

monsieur le pion 47 b

monsieur le pion 47 c

monsieur le pion 47 d

monsieur le pion 47 e

monsieur le pion 47 f

monsieur le pion 47 g

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29 septembre 2013

Les Devineresses

les devineresses

C'est souvent du hasard que naît l'opinion,
Et c'est l'opinion qui fait toujours la vogue.
            Je pourrais fonder ce prologue
Sur gens de tous états: tout est prévention,
Cabale, entêtement; point ou peu de justice:
C'est un torrent; qu'y faire? Il faut qu'il ait son cours:
            Cela fut et sera toujours.

Une femme, à Paris, faisait la pythonisse
On l'allait consulter sur chaque événement;
Perdait-on un chiffon, avait-on un amant,
Un mari vivant trop, au gré de son épouse,
Une mère fâcheuse, une femme jalouse;
            Chez la devineuse on courait ,
Pour se faire annoncer ce que l'on désirait.
            Son fait consistait en adresse.
Quelques termes de l'art, beaucoup de hardiesse,
Du hasard quelquefois, tout cela concourait,
Tout cela bien souvent faisait crier miracle.
Enfin, quoique ignorante à vingt et trois carats,
            Elle passait pour un oracle.
L'oracle était logé dedans un galetas:
            Là, cette femme emplit sa bourse,
            Et, sans avoir d'autre ressource,
Gagne de quoi donner un rang à son mari;
Elle achète un office, une maison aussi.
            Voilà le galetas rempli
D'une nouvelle hôtesse, à qui toute la ville,
Femmes, filles, valets, gros messieurs, tout enfin,
Allait, comme autrefois, demander son destin:
Le galetas devint l'antre de la Sybille.
L'autre femelle avait achalandé ce lieu.
Cette dernière femme eut beau faire, eut beau dire:
Moi devine! on se moque: «Eh! Messieurs, sais-je lire?
Je n'ai jamais appris que ma Croix  de par Dieu."
Point de raison: fallut deviner et prédire,
            Mettre à part force bons ducats,
Et gagner malgré soi plus que deux avocats.
Le meuble et l'équipage aidaient fort à la chose:
Quatre sièges boiteux, un manche de balai,
Tout sentait son sabbat et sa métamorphose.
            Quand cette femme aurait dit vrai
            Dans une chambre tapissée,
On s'en serait moqué: la vogue était passée
            Au galetas. Il avait le crédit:
            L'autre femme se morfondit.

            L'enseigne fait la chalandise.
J'ai vu dans le palais une robe mal mise
            Gagner gros; les gens l'avaient prise
        Pour maître tel, qui traînait après soi
        Force écoutants. Demandez-moi pourquoi.

28 septembre 2013

Le Lion, le Loup et le Renard

le lion le loup et le renard

Un lion décrépit, goutteux, n'en pouvant plus,
Voulait que l'on trouvât remède à la vieillesse.
 Alléguer l'impossible aux rois, c'est un abus.
            Celui-ci parmi chaque espèce
Manda des médecins; il en est de tous arts.
Médecins au lion viennent de toutes parts;
De tous côtés lui vient des donneurs de recettes.
            Dans les visites qui sont faites,
Le renard se dispense et se tient clos et coi.
Le loup en fait sa cour, daube au coucher du roi,
Son camarade absent. Le prince tout à l'heure
Veut qu'on aille enfumer renard dans sa demeure,
Qu'on le fasse venir. Il vient, est présenté;
Et sachant que le loup lui faisait cette affaire:
«Je crains, Sire, dit-il, qu'un rapport peu sincère
            Ne m'ait à mépris imputé
            D'avoir différé cet hommage;
            Mais j'étais en pèlerinage
Et m'acquittais d'un voeu fait pour votre santé.
            Même j'ai vu dans mon voyage
Gens experts et savants, je leur ai dit la langueur
Dont Votre Majesté craint, à bon droit la suite.
            Vous ne manquez que de chaleur;
            Le long âge en vous l'a détruite.
D'un loup écorché vif appliquez-vous la peau
            Toute chaude et toute fumante;
            Le secret sans doute en est beau
            Pour la nature défaillante.
            Messire loup vous servira,
            S'il vous plaît, de robe de chambre.»
            Le roi goûte cet avis-là.
            On écorche, on taille, on démembre
Messire loup. Le monarque en soupa,
            Et de sa peau s'enveloppa.

Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire;
Faites si vous pouvez votre cour sans vous nuire.
Le mal se rend chez vous au quadruple du bien.
Les daubeurs ont leur tour d'une ou d'autre manière:
            Vous êtes dans une carrière
            Où l'on ne se pardonne rien.

27 septembre 2013

L'homme et la puce

l'homme et la puce

Par des voeux importuns nous fatiguons les Dieux :
Souvent pour des sujets même indignes des hommes.
Il semble que le Ciel sur tous tant que nous sommes
Soit obligé d'avoir incessamment les yeux,
Et que le plus petit de la race mortelle,
À chaque pas qu'il fait, à chaque bagatelle,
Doive intriguer l'Olympe et tous ses citoyens,
Comme s'il s'agissait des Grecs et des Troyens.
Un Sot par une puce eut l'épaule mordue.
Dans les plis de ses draps elle alla se loger,
Hercule, se dit-il, tu devais bien purger
La terre de cette Hydre au printemps revenue.
Que fais-tu, Jupiter, que du haut de la nue
Tu n'en perdes la race afin de me venger ?
Pour tuer une puce il voulait obliger
Ces Dieux à lui prêter leur foudre et leur massue.

26 septembre 2013

La Fortune et le jeune enfant

la fortune et le jeune enfant

Sur le bord d'un puits très profond
Dormait étendu de son long
Un Enfant alors dans ses classes.
Tout est aux Ecoliers couchette et matelas.
Un honnête homme en pareil cas
Aurait fait un saut de vingt brasses.
Près de là tout heureusement
La Fortune passa, l'éveilla doucement,
Lui disant : Mon mignon, je vous sauve la vie.
Soyez une autre fois plus sage, je vous prie.
Si vous fussiez tombé, l'on s'en fût pris à moi ;
Cependant c'était votre faute.
Je vous demande, en bonne foi,
Si cette imprudence si haute
Provient de mon caprice. Elle part à ces mots.
Pour moi, j'approuve son propos.
Il n'arrive rien dans le monde
Qu'il ne faille qu'elle en réponde.
Nous la faisons de tous Echos.
Elle est prise à garant de toutes aventures.
Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures ;
On pense en être quitte en accusant son sort :
Bref la Fortune a toujours tort.

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25 septembre 2013

La mort et le mourant

la mort et le mourant

La Mort ne surprend point le sage ;
Il est toujours prêt à partir,
S'étant su lui-même avertir
Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage.
Ce temps, hélas ! embrasse tous les temps :
Qu'on le partage en jours, en heures, en moments,
Il n'en est point qu'il ne comprenne
Dans le fatal tribut ; tous sont de son domaine ;
Et le premier instant où les enfants des rois
Ouvrent les yeux à la lumière,
Est celui qui vient quelquefois
Fermer pour toujours leur paupière.
Défendez-vous par la grandeur,
Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse,
La mort ravit tout sans pudeur
Un jour le monde entier accroîtra sa richesse.
Il n'est rien de moins ignoré,
Et puisqu'il faut que je le die,
Rien où l'on soit moins préparé.
Un mourant qui comptait plus de cent ans de vie,
Se plaignait à la Mort que précipitamment
Elle le contraignait de partir tout à l'heure,
Sans qu'il eût fait son testament,
Sans l'avertir au moins. Est-il juste qu'on meure
Au pied levé ? dit-il : attendez quelque peu.
Ma femme ne veut pas que je parte sans elle ;
Il me reste à pourvoir un arrière-neveu ;
Souffrez qu'à mon logis j'ajoute encore une aile.
Que vous êtes pressante, ô Déesse cruelle !
- Vieillard, lui dit la mort, je ne t'ai point surpris ;
Tu te plains sans raison de mon impatience.
Eh n'as-tu pas cent ans ? trouve-moi dans Paris
Deux mortels aussi vieux, trouve-m'en dix en France.
Je devais, ce dis-tu, te donner quelque avis
Qui te disposât à la chose :
J'aurais trouvé ton testament tout fait,
Ton petit-fils pourvu, ton bâtiment parfait ;
Ne te donna-t-on pas des avis quand la cause
Du marcher et du mouvement,
Quand les esprits, le sentiment,
Quand tout faillit en toi ? Plus de goût, plus d'ouïe :
Toute chose pour toi semble être évanouie :
Pour toi l'astre du jour prend des soins superflus :
Tu regrettes des biens qui ne te touchent plus
Je t'ai fait voir tes camarades,
Ou morts, ou mourants, ou malades.
Qu'est-ce que tout cela, qu'un avertissement ?
Allons, vieillard, et sans réplique.
Il n'importe à la république
Que tu fasses ton testament.
La mort avait raison. Je voudrais qu'à cet âge
On sortît de la vie ainsi que d'un banquet,
Remerciant son hôte, et qu'on fit son paquet ;
Car de combien peut-on retarder le voyage ?
Tu murmures, vieillard ; vois ces jeunes mourir,
Vois-les marcher, vois-les courir
A des morts, il est vrai, glorieuses et belles,
Mais sûres cependant, et quelquefois cruelles.
J'ai beau te le crier ; mon zèle est indiscret :
Le plus semblable aux morts meurt le plus à regret.

24 septembre 2013

La Discorde

la discorde jdf

La déesse Discorde ayant brouillé les Dieux,
Et fait un grand procès là-haut pour une pomme,
            On la fit déloger des Cieux.
            Chez l'Animal qu'on appelle Homme
            On la reçut à bras ouverts,
            Elle et Que-si-Que-non, son frère,
            Avecque Tien-et-Mien, son père.
Elle nous fit l'honneur en ce bas univers
            De préférer notre hémisphère
A celui des mortels qui nous sont opposés,
            Gens grossiers, peu civilisés,
Et qui, se mariant sans prêtre et sans notaire,
            De la Discorde n'ont que faire.
Pour la faire trouver aux lieux où le besoin
            Demandait qu'elle fût présente,
            La Renommée avait le soin
        De l'avertir; et l'autre, diligente,
Courait vite aux débats et prévenait la paix,
Faisait d'une étincelle un feu long à s'éteindre.
La Renommée enfin commença de se plaindre
            Que l'on ne lui trouvait jamais
            De demeure fixe et certaine;
Bien souvent l'on perdait à la chercher sa peine.
Il fallait donc qu'elle eût un séjour affecté,
Un séjour d'où l'on pût en toutes les familles
            L'envoyer à jour arrêté.
Comme il n'était alors aucun couvent de filles,
            On y trouva difficulté.
            L'auberge enfin de l'Hyménée
            Lui fut pour maison assignée.

23 septembre 2013

L'oeil du maître

l'oeil du maître

Un Cerf, s'étant sauvé dans une étable à Boeufs,
            Fut d'abord averti par eux :
            Qu'il cherchât un meilleur asile.
Mes frères, leur dit-il, ne me décelez pas :
Je vous enseignerai les pâtis les plus gras ;
Ce service vous peut quelque jour être utile ;
            Et vous n'en aurez point regret.
Les Boeufs à toutes fins promirent le secret.
Il se cache en un coin, respire, et prend courage.
Sur le soir on apporte herbe fraîche et fourrage,
            Comme l'on faisait tous les jours :
        L'on va, l'on vient ; les Valets font cent tours,
        L'Intendant même et pas un, d'aventure,
            N'aperçut ni corps, ni ramures,
        Ni Cerf enfin. L'habitant des forêts
Rend déjà grâce aux Boeufs, attend dans cette étable
Que chacun retournant au travail de Cérès,
Il trouve pour sortir un moment favorable.
L'un des Boeufs ruminant lui dit : Cela va bien ;
Mais quoi l'homme aux cent yeux n'a pas fait sa revue.
            Je crains fort pour toi sa venue ;
Jusque-là, pauvre cerf, ne te vante de rien.
Là-dessus le Maître entre et vient faire sa ronde.
             Qu'est ceci? dit-il à son monde.
Je trouve bien peu d'herbe en tous ces râteliers ;
Cette litière est vieille : allez vite aux greniers ;
Je veux voir désormais vos Bêtes mieux soignées.
Que coûte-t-il d'ôter toutes ces Araignées ?
Ne saurait-on ranger ces jougs et ces colliers ?
En regardant à tout, il voit une autre tête
Que celles qu'il voyait d'ordinaire en ce lieu.
Le Cerf est reconnu : chacun prend un épieu ;
            Chacun donne un coup à la Bête.
Ses larmes ne sauraient la sauver du trépas.
On l'emporte, on la sale, on en fait maint repas,
            Dont maint voisin s'éjouit d'être.
Phèdre, sur ce sujet, dit fort élégamment :
            Il n'est, pour voir, que l'oeil du Maître.
Quant à moi, j'y mettrais encor l'oeil de l'Amant.

22 septembre 2013

L'ingratitude et l'Injustice des Hommes envers la Fortune

l'ingratitude et l'injustice des hommes envers la fortune

Un trafiquant sur mer, par bonheur, s'enrichit.
Il triompha des vents pendant plus d'un voyage:
Gouffre, banc, ni rocher n'exigea de péage
D'aucun de ses ballots; le sort s'en affranchit.
Sur tous ses compagnons Atropos et Neptune
Recueillirent leur droit, tandis que la Fortune
Prenait soin d'amener son marchand à bon port.
Facteurs, associés, chacun lui fut fidèle.

Il vendit son tabac, son sucre, sa canelle,
        Ce qu'il voulut, sa porcelaine encor:
Le luxe et la folie enflèrent son trésor;
            Bref, il plut dans son escarcelle.
On ne parla chez lui que par doubles ducats;
Et mon homme d'avoir chiens, chevaux et carrosses:
            Ses jours de jeûne étaient des noces.
Un sien ami, voyant ces somptueux repas,
Lui dit: « Et d'où vient donc un si bon ordinaire?
- Et d'où me viendrait-il que de mon savoir-faire?
Je n'en dois rien qu'à moi, qu'à mes soins, qu'au talent
De risquer à propos, et bien placer l'argent.»
Le profit lui semblant une fort douce chose,
Il risqua de nouveau le gain qu'il avait fait;
Mais rien, pour cette fois, ne lui vint à souhait.
            Son imprudence en fut la cause:
Un vaisseau mal frété périt au premier vent;
Un autre, mal pourvu des armes nécessaires,
            Fut enlevé par les corsaires;
            Un troisième au port arrivant,
Rien n'eut cours ni débits. Le luxe et la folie
            N'étaient plus tels qu'auparavant.
            Enfin ses facteurs le trompant,
Et lui-même ayant fait grand fracas, chère lie,
Mis beaucoup en plaisirs, en bâtiments beaucoup,
            Il devint pauvre tout d'un coup.
Son ami, le voyant en mauvais équipage,
Lui dit:« D'où vient cela? -De la fortune, hélas!
- Consolez-vous, dit l'autre, et s'il ne lui plaît pas
Que vous soyez heureux, tout au moins soyez sage.»

            Je ne sais s'il crut ce conseil;
Mais je sais que chacun impute, en cas pareil,
            Son bonheur à son industrie;
Et si, de quelque échec notre faute est suivie,
            Nous disons injures au Sort.
            Chose n'est ici plus commune.
Le bien, nous le faisons; le mal, c'est la Fortune:
On a toujours raison, le destin toujours tort.

20 septembre 2013

Le cygne et le cuisinier

le cuisinier et le cygne

 

Dans une ménagerie
De volatiles remplie
Vivaient le Cygne et l'Oison :
Celui-là destiné pour les regards du maître ;
Celui-ci, pour son goût : l'un qui se piquait d'être
Commensal du jardin, l'autre, de la maison.
Des fossés du Château faisant leurs galeries,
Tantôt on les eût vus côte à côte nager,
Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger,
Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies.
Un jour le Cuisinier, ayant trop bu d'un coup,
Prit pour Oison le Cygne ; et le tenant au cou,
Il allait l'égorger, puis le mettre en potage.
L'oiseau, prêt à mourir, se plaint en son ramage.
Le Cuisinier fut fort surpris,
Et vit bien qu'il s'était mépris.
"Quoi ? je mettrois, dit-ilj un tel chanteur en soupe !
Non, non, ne plaise aux Dieux que jamais ma main
coupe
La gorge à qui s'en sert si bien! "

Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
Le doux parler ne nuit de rien.

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